22 heures, l’air est devenu un peu plus respirable, lorsque les musiciens tout de noir vêtus, jouent les premières mesures, en cette soirée du vendredi 10 juillet 2015, devant un public nombreux et avisé, qui par sa seule présence donne à ce concert son existence et à la musique tout son sens.
Concert pour basson, concerto de Haendel, concerts pour 3 violons de Vivaldi, Requiem de David popper… Mais qu’importe après tout le genre, l’oeuvre ou le compositeur, seules comptent dans les morceaux qui s’enchaînent, l’harmonie des instruments et l’interprétation qui peut en être faite, aboutissement des milliers de gammes, répétées jusqu’à l’infini depuis la nuit des temps, pour pouvoir s’offrir en consécration, ce droit au spectacle, sous des lustres vénitiens d’une église baroque de Corse, au mileu de statues et de peintures qui ne le sont pas moins, pour avoir le pouvoir de transporter mélomanes et profanes venus de toute part et de les faire vibrer jusqu’au paroxysme, jusqu’à ce que la magie des sons les transforme, éléments disparates, en un ensemble sacré apte à communier dans un même bonheur indicible ; n’est-ce pas cela en réalité l’essentiel ?
C’est déjà fini ? Tout le monde se lève à regret et se salue dans un rituel d’applaudissements et de révérences, exaltation du triomphe d’un soir des artistes glorifiés, auxquels succèdent le silence et les chuchotements d’un public engourdi, un peu comme s’il revenait d’une séance d’hypnose, murmurant en partant, comme pour se rassurer : » A l’année prochaine, si Dieu le veut. »