Des travaux sur la RD 17 entre Pietra et Alistro (Photo d’archives)

Les principaux mis en cause viennent d’être assez lourdement condamnés par le tribunal correctionnel de Bastia, dans un jugement rendu mercredi 25 janvier.

L’argent public a depuis toujours été malmené. Les manquements sont innombrables et vont bien au delà de cette affaire et de ce département : utilisation d’un employé municipal à des fins privées, gratifications attribuées par une entreprise à l’occasion de la passation de marchés, paiement sans sourciller de prestations fictives alors même qu’aucun marché n’a jamais été passé, gaspillage inconsidéré de l’argent public dans des projets absurdes ou oniriques, associations transparentes à gestion opaque, emplois fictifs ou semi fictifs, favoritisme…

La malveillance certes, mais aussi la force de l’habitude qui crée un sentiment de tolérance et d’impunité, l‘incompétence bien plus dévastatrice qu’on ne l’imagine, sont le plus souvent à l’origine d’un traitement inapproprié des fonds publics.

En l’espèce, si les voies de recours qui ne manqueront pas d’être exercées, venaient confirmer la culpabilité des condamnés, cela signifierait qu’il y a eu des élus chevronnés, pour penser qu’une fraude aussi grossière et d’une ampleur non négligeable (on parle d’un demi-million d’euros), avec autant de bénéficiaires, pouvait échapper durablement à la perspicacité de la justice.

Cela signifierait aussi, et c’est particulièrement choquant, que leurs auteurs ont eu un total mépris, vis-à-vis de ceux qui leur ont confié la charge de l’intérêt commun.

En Corse des villages de l’intérieur attendent depuis des décennies et des décennies, des structures mille fois promises, mille fois financées, nécessaires à leur survie, telles les routes qui y conduisent, grandement délabrées, à peine carrossables pour certaines et dont les travaux doivent, selon la formule consacrée, « démarrer à la fin du mois prochain », mais qui ne démarreront jamais, car situées du mauvais côté de la vallée.

Cette affaire de gîtes ruraux, avec l’avènement aux affaires d’une nouvelle génération de politiques, pourrait accélérer la fin d’un système qui a gouverné la Corse depuis des lustres. A tout le moins, faut-il l’espérer. GP.    

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