C‘était Philippe STRABONI

Philippe à My Tho en Indochine, il avait 20 ans

Issu d’une famille nombreuse de douze frères et sœurs, aujourd’hui tous décédés, Philippe faisait partie de cette génération qui a connu les privations, le froid de l’hiver, l’incertitude d’une vie précaire, dans une Corse de l’entre-deux guerres que l’on a du mal aujourd’hui à seulement imaginer. Une vie qui le conduisit comme nombre d’autres à quitter son village, sa famille, ses amis, à l’âge de 18 ans, pour se voir assurer l’essentiel des besoins de la vie, dans une autre vie.

Ce sera un engagement dans l’armée, l’Indochine, l’Allemagne ensuite, puis il sera affecté au service de santé des armées, à l’hôpital militaire de Bastia, à l’époque où il y en eut un, puis à celui de Dijon en qualité de vaguemestre, avec le grade de sergent major.  A la retraite de l’armée, il sera employé à l’Evêché de la capitale des ducs de Bourgogne où il deviendra très vite, chose particulièrement rare pour un laïc, l’homme de confiance des prélats successifs pendant sa période d’activité à leur service.

Comme ce fut le cas de tous les corses qui eurent à se résoudre au départ, il restera viscéralement attaché à son île et fera partie de ce que l’on appellera plus tard les corses de la diaspora. A Dijon, il fut trésorier de l’amicale des corses, à une époque où ces associations avaient une place importante dans la vie sociale d’une commune et où elles étaient courtisées par les hommes politiques. L’intelligence et la perspicacité de Philippe avaient fait de lui une personnalité incontournable appréciée et respectée et pour ses compatriotes, comme on disait alors, quelqu’un sur qui l’on pouvait compter dans tous les domaines de la vie, il était toujours là, généreux de son temps et bienveillant.

C’était d’abord cela Philippe. Mais il était aussi un homme de culture, un poète, un compositeur de chansons in lingua nustrale. Il n’y a pas si longtemps encore, une dizaine d’années peut-être, il participait à des colloques sur la langue corse, où sa voix portait car en plus d’être un esprit éclairé, il était un orateur hors pair. Tous ceux qui l’ont connu, tous ceux qui l’ont côtoyé, j’ai eu ce privilège, l’ont aimé. Ils sont aujourd’hui très tristes et son âge, 94 ans, ne sera pas une consolation.  

Estelle, son admirable épouse, est aujourd’hui dans la peine de son compagnon de toute une vie.

Jean-Baptiste SANTELLI, maire de Pietra di Verde et son conseil municipal, lui adressent, ainsi qu’à ses enfants, Dominique, Jean et Christian, à son petit-fils Baptiste, fils de Pierre son quatrième enfant disparu en pleine jeunesse, à ses neveux et nièces, à Jean MASSONI son ami de toujours et à tous ceux qui l’ont aimé, leurs condoléances attristées.

Les obsèques seront célébrées à Dijon dans la plus stricte intimité.

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