Prunelli 25 juin 2015 photo JCV
Récemment, au 20 heures de France 2, un reportage nous a montré les décharges de Prunelli di Fium’orbu et de Tallone, dont dépend la commune de Pietra di Verde.
Des montagnes d’ordures, des nuées de mouettes et de corbeaux que l’on dit contaminés au mercure et au plomb, qui couvrent des milliers de tonnes d’immondices, des paysages de films d’horreur, des images à donner froid dans le dos, indignes de la Corse.
Une politique de gestion des déchets ménagers qui laissera dans notre île des stigmates qui ne s’effaceront jamais et dont nous porterons la responsabilité devant l’histoire.
En Europe, 80% des déchets sont incinérés après avoir été triés et valorisés. Des usines d’incinération « nouvelle génération » sont implantées dans toutes les grandes villes de l’Union, leurs systèmes de filtrage ne laissent plus passer les cendres, fumées, particules et odeurs résultant de la combustion des déchets et des études récentes ont montré qu’il n’existe désormais plus aucun danger pour la santé des populations environnantes.http://www.carevox.fr/sante-naturelle-57/article/usines-d-incineration-un-danger
C’est la solution adoptée dans tous les pays modernes, partout, sauf en Corse. Pour quelle raison ?
Les journalistes de France 2 qui ont enquêté, ont donné comme explication que les élus et la population corse sont contre les incinérateurs.
A nous, les élus en question ne nous ont jamais expliqué pour quelle raison ils sont contre les incinérateurs. De vagues affirmations sans la moindre justification, en guise d’explication, nous ont semble-t-il suffi pour être contre.
Mais quand avons-nous été sérieusement informés des solutions possibles, par des intervenants indépendants ? Quand avons-nous été consultés et par qui et sur quoi ? Mystère.
De toute façon des villes comme Bastia et son agglomération, qui sont les plus gros enfouisseurs de la Haute Corse et de loin, préfèrent aller jeter leurs ordures loin de chez eux, le plus loin possible et le moins cher possible, sans trop se poser de questions, et puisque d’ailleurs personne ne s’en pose pas non plus, alors à quoi bon se gêner ?
La collecte des déchets ménagers, qui débuta dans les zones rurales en Corse dans les années 60, fut un grand progrès dans le domaine de l’hygiène et de la santé publique. Revenir un demi-siècle en arrière en espérant que les populations assurent elles-mêmes et pour l’essentiel la gestion de leurs déchets est un leurre. Recréer des Vaccile est une absurdité sans nom, comme l’est celle de « l’enfouissement ».
Et il est l’évidence même que tous les tris du monde, fussent-ils à la source, n’empêcheront pas des tonnes et des tonnes de déchets non valorisables, de finir à la décharge et d’aller pourrir le sol, car on sait bien qu’une énorme quantité de déchets putrescibles, ne se transforment pas instantanément et par un coup de baguette magique en un bel et bon composte susceptible de venir engraisser dans l’instant nos terres les plus arides.
Non bien sûr. Il y aura préalablement et pendant de longs mois, passage par tous les stades de la pourriture, avec vermines, muridés, rongeurs, nuages de mouches, vecteurs de toutes les maladies, avec sources, nappes phréatiques et rivières polluées, gaz de fermentation et odeurs pestilentielles qui s’imprègnent partout, de plus en plus impossibles à faire disparaître, rendant la vie insupportable pour les populations alentours, avec en plus une dégradation des paysages qui donnera de la Corse une pitoyable image.
On n’imagine pas que des communes puissent accepter de voir leur nom associé à ces décharges publiques de façon pérenne, ni que des corses acceptent que leur « île de beauté » devienne le lieu où l’on trouvera très bientôt, si l’on n’y prend garde, les plus grands pourrissoirs d’Europe ?
Prunelli 25 août 2015 photo JCV
Car avec le temps, tout cela s’étendra et s’étendra encore et encore, jusqu’à faire de la Corse une poubelle géante.
Certaines collectivités commencent cependant à réagir. Le 30 juillet, la Communauté de communes de Calvi-Balagne, a estimé qu’il convenait d’arrêter cette politique consistant à rejeter toute proposition autre que celle existant et à commencer à réfléchir sur de nouvelles orientations. Sans remettre formellement en cause le principe de l’enfouissement, le 12 septembre, en Corse du sud, une centaine de personnes, réunies à Coggia, se sont alarmées sur une situation « qui conduit à une catastrophe écologique majeure pour la région Vico-Sagone ».
En attendant une prise de conscience plus large, France 2 nous a montré une triste image de la Corse d’aujourd’hui et si l’on y prend garde, de tristes perspectives pour la Corse de demain. GP.