Une question leur brûlait les lèvres: « Comment est-ce possible qu’on nous ait si vite oubliées? ». Elles avaient su que, récemment, dans un court article, intitulé « Histoire de pain », avaient été évoqués les anciens fours, éteints depuis si longtemps disséminés dans les hameaux,  et la boulangerie moderne avec pétrin électrique apparue dans les années 50, sans la moindre mention de la rude tâche qu’elles ont accomplie, à Pietra, entre la guerre de 14-18 et les années d’après la deuxième guerre. 

« C’est nous, m’on-t-elles-dit, qui avons fait les belles miches de pain blanc, « u pane fattu di fiore », dans le four des Antomarchi, à raison de quatre fournées par jour, pendant au moins une trentaine d’années! 

Jour après jour, nous avons fait et ramené nos fagots, chauffé le four, pétri la pâte, modelé les miches, enfourné, suivi la cuisson, défourné et vendu notre pain à la quasi-totalité des Piétrolais ! Cela valait bien une mention nous concernant ».

J’ai connu Marianna, Mergherita et Silvia, Maria et Ntunietta. Habitant dans la maison des Antomarchi, tout près du four, tout au long de mon enfance et mon adolescence je les ai vues tous les jours à la tâche. J’en garde le meilleur souvenir.

Dans mon rêve, je me souviens les avoir rassurées, leur avoir dit que personne ne les oubliait. » Jean Massoni

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