Photo Corse Matin

 

Comme ses ancêtres, il avait voué sa vie toute entière à son métier de berger qu’il exercera avec son frère Antoine, entre la plaine de Canale-Linguizetta et les montagnes du dessus de Pietra.

Un homme d’une grande discrétion que l’on voyait peu dans le village, ne fréquentant ni les bars ni les places plus par tempérament que par principe.

On pouvait l’apercevoir avec son frère quitter le village avant le jour, car il fallait traire avant le lever du soleil, un troupeau qui a compté jusqu’à 500 chèvres, et rentrer le soir à la nuit tombante.

Un homme discret, mais un homme qui s’intéressait à la vie, qui pratiquait un français châtié, comme on en parle peu et dont en l’écoutant, on se demandait toujours où il avait pu acquérir une maîtrise si élevée d’une langue qui n’était pas sa langue maternelle.

Un homme en effet discret, mais que la compagnie n’effrayait guère, bien au contraire, loin de s’exclure des relations humaines, c’était dans la bergerie de Santa-Piana, au cœur de son petit royaume, qu’avec Antoine ils recevaient volontiers ceux qui passaient par là, leur faisant profiter de sa mémoire intarissable sur la vie des bergers corses et sur des connaissances étonnantes de la vie en société au sens le plus général du terme.

On disait qu’il lisait régulièrement l’un des plus grand titre de la presse nationale et qu’il écoutait beaucoup la radio, à une époque où elle était un média enrichissant, porteur de culture.

Un homme simple, ne réclamant jamais rien, ne se plaignant jamais de rien ni de personne, un homme en quelque sorte heureux de sa vie, comme le constatèrent tous ceux qui le côtoyèrent.

En septembre 99, il avait 73 ans lorsqu’il dut se séparer de son troupeau, cela devenait trop dur. Il avait dit au journal « Corse Matin » qui lui consacra à lui et à son frère un article intitulé « Pietra di Verde au temps de Jeannot le berger », en avoir pleuré.

Jeannot est parti hier mercredi 23 novembre dans l’après-midi, on le savait très fatigué. C’est encore de la mémoire du village qui disparait. Personne n’a remplacé le petit berger corse, personne ne le pourra, la philosophie de vie que cette vocation exige, nécessitant un ascétisme fait de renoncement et d’abnégation naturellement admis. Le métier s’exerce aujourd’hui autrement c’est l’évolution qui commande.

Jeannot qui rappelait souvent qu’il était né à Linguizetta dans une bergerie, est parti comme il a vécu, sur la pointe des pieds. Il est parti emportant avec lui tout ce que fut la Corse de nos ancêtres

Né en 1926, il avait eu 90 ans au mois d’avril 2016.

La Maire et l’ensemble du Conseil municipal présentent leurs condoléances attristées à ses frères, sœurs et conjoints, Antoine, Félix et Christiane, Berthe épouse Biaggi, Régine Veuve Didier, Pancrace Veuve Ferroni et Philippa, ainsi qu’à tous ses parents et alliés.

Les obsèques auront lieu demain vendredi 25 novembre à 14 heures 30 en l’église Saint Elie. L’inhumation suivra au cimetière du village.

 

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