Et si la place de l’histoire est importante dans la Gazette piétrolaise, Jean Massoni ne s’en contente pas pour asseoir sa démonstration. Il va aussi présenter Pietra di Verde, la situer géographiquement, parler de sa démographie, de sa forêt, de la montagne, de la richesse de sa terre, des hommes et des femmes qui l’ont peuplée, de l’économie, toujours omniprésente, y compris lorsqu’il nous offre cette fabuleuse étude sur l’église Saint Elie, preuve même d’une certaine opulence du village et tout cela présenté d’une façon telle, qu’il en arrive à transformer des sujets souvent ésotériques, en une ode à l’amour de Pietra.

C’est par la partie sous-titrée « Pietra d’hier et de jadis » que l’on entre dans un examen que l’on pourrait qualifier de scientifique. Avec méthode et rigueur, l’auteur nous conduit au travers de ce que fut Pietra, avec une foule de précisions, de détails, de dates de références, de noms, qui pourraient inspirer bien des doctorants de l’Université Pascal Paoli, en mal de sujets de thèse.

Pietra n’en est pas moins toujours sublimée, avec des envolées d’une grande beauté lyrique, sur des paysages que l’auteur balaye en tous sens comme le ferait un cameraman. Nous extrayons quelques lignes d’un passage, que l’auteur a empruntées au commissaire génois du 17e F.M Giustignani: «…La montagne Sant’Appiano, formant presque une couronne, honneur bien mérité pour sa grandeur, avec ses bons terrains, l’abondance de ses sources, la qualité de ses pâturages, son très noble bois de rouvres et d’yeuses qui habille son sommet ; montagne encore appelée royale, si l’on ajoute foi aux dires des gens du cru selon lesquels, en un lieu situé sous le hameau de Monte, que l’on nomme aujourd’hui encore le Palazzo, s’élevait le logis de Berlinghiero, originaire de cette pieve, qui aux environs de l’an 900 fut roi de Corse et de Sardaigne… »

Rédigée in lingua nustrale, une autre partie de la Gazette Piétrolaise aborde, sous le titre « Pè e viottule di a memoria »  (Par les sentiers de la mémoire), des moments de la Corse d’autrefois. En quelque sorte des instantanés, que l’auteur compare à « des coups de projecteurs », réalisés sur une vingtaine de personnes, « saisies à l’occasion d’un simple épisode de leur vie, ni le plus important, ni le plus significatif, mais certainement un de ceux qui les identifie le mieux. »

« Pè e viottule di a memoria », est si l’on peut dire le clou de la « Gazette Piétrolaise ». Sous les pseudonymes de Luiggi et Grazia-Maria Ciavaldini, (j’espère qu’ils me pardonneront ce coming out), Jean Massoni, et sa soeur Rosa Taïeb pour la traduction en langue française, vont nous proposer d’accéder à cette Corse d’autrefois, que peu d’entre nous aujourd’hui, peuvent se prévaloir d’avoir connu.

La traduction proposée par Rosa Taïeb (dont l’époux fut un physicien de très grande renommée associé à un prix nobel), permet à tous ceux qui n’ont pas le bonheur d’avoir une parfaite maîtrise de la langue corse, de pouvoir tout de même découvrir et apprécier ces récits qui nous font vivre l’âme Corse « en direct », Grazia Maria faisant à cette occasion mentir le joli jeu de mots italien bien connu : « traduttore traditore ». Depuis sa maladie, les traductions sont assurées par Madeleine, Paule et Annie Straboni.   

« La Gazette Piétrolaise » réserve aussi une place aux poètes qui ont célébré le village de Pietra. Sous le titre « Musa perdulaccia », l’auteur les évoque et nous propose certaines de leurs œuvres des plus remarquables.

L’ensemble constituant une somme importante, sur la vie de la commune de Pietra di Verde, sur son passé et surtout, comme il a été dit, pour son avenir.

Une œuvre gravée dans le marbre, désormais toujours aisément disponible grâce à internet et qui va bien au-delà de notre village, tant Pietra devient alors, à travers la Gazette Piétrolaise, une référence pour tous les villages corses de l’intérieur.

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