C’est vers l’âge de 17 ans que Charlotte écrivit ses premiers poèmes. Ce ne fut pas là, comme c’est souvent le cas chez les adolescents romantiques, le premier moyen d’exprimer le ressenti d’un monde que l’on découvre. Ce fut chez elle une véritable passion pour la musique des mots, à travers les sensations suscitées par la douceur de la vie. A la lecture de ses nombreux poèmes qui rythmèrent toute une existence, Charlotte voulut exprimer ses joies, le bonheur que lui procuraient ses enfants mais aussi des choses aussi simples que l’arrivée des saisons, ou plus simplement encore  la pluie qui tombe, l’instant présent ; la nostalgie ou le ressentiment n’ayant pas de place dans ses poésies.

En feuilletant ses nombreux poèmes, on y trouve « Madame la pluie jour d’orage » et surtout « L’automne  au jardin » qui est l’un de ses poèmes les plus caractéristiques, dont nous avons relevé quelques strophes :

L’été vient de s’éteindre

Et l’automne déjà s’installe,

Dans un décor de rêve drapé de pourpre et d’or,

Et la dernière rose vers le ciel si pâle,

Offre au firmament sa splendide corolle

 

Le dahlia plus à l’aise

Dans cette température,

Nous charme de ses velours

De ses tendres couleurs

Et semble nous adresser

Dans un éclat de rire

Un au revoir

Jusqu’à l’année prochaine…

Une joie de vivre au sens premier du terme et en remerciement, Dieu ne sera pas oublié. Elle lui offre une magnifique prière, qui retrace la vie du Christ avec  « C’était un jour », pour tout ce que la vie lui a donné, pour en quelque sorte lui rendre grâce pour la bienveillance qu’il a eu à son égard :

C’était un jour…

Hier, demain, je ne sais plus,

Où les anges du ciel chantaient

Marie, je vous salue

 

C’était un jour

Hier, demain, je ne sais plus,

Dans une crèche naissait l’enfant Jésus    

 

C’était un jour

Hier, demain, je ne sais plus,

Où l’enfant grandissait en âge et en vertus

 

C’était un jour

Hier, demain, je ne sais plus,

Où Jésus portant la croix

Pliait sous ses genoux

 

C’était un jour

Hier, demain, je ne sais plus,

Jésus disait au père

Tu les absous

 

C’était un jour…

En Février 1978, un tournant dans la vie de la famille. Maurice Allent, officier de l’armée française, vient d’être choisi par le prince Rainier de Monaco pour commander la garde de la Principauté. Poste éminemment prestigieux mais qui devait conduire Charlotte âgée d’à peine 50 ans à satisfaire aux obligations de son rang. Elle participera aux œuvres sociales du prince et mit directement la main à la pâte en confectionnant des broderies, dont la qualité du dessin intrigua un peintre italien, qui réussit à la convaincre qu’elle avait une véritable prédisposition pour la peinture.

Rendez-vous fut pris et une première leçon fut déterminante. Il s’agissait de reproduire une orange pelée, peinte par le maître. Et en effet le travail de l’élève terminé, on devait se rendre compte que rien ne différenciait les deux peintures…

Prise au jeu, Charlotte devait alors voler de ses propres ailes, avec justement « Le canari sur la branche » qui fut une de ses toutes premières peintures.

 

 

De nombreux paysages, quelques natures mortes, mais c’est surtout les portraits de femmes qui constituent la partie la plus saisissante de son œuvre. Des portraits de femmes dont le charme et parfois la sensualité, ne laissent pas indifférent et emportent la conviction d’un véritable talent.

 

La Corse n’est bien sûr pas absente, un village sans nom, mais représentatif des villages corses, une vue ancienne des environs de Borgo, les îles sanguinaires et surtout la citadelle de Corte plus belle et plus impressionnante que nature, peut-être sa plus belle peinture où l’on y trouve toute l’âme corse dont Charlotte se revendique sans cesse.

Dans la peinture de Charlotte, comme il l’était déjà dans ses poèmes, Dieu est toujours présent, avec un Christ dont on devine la souffrance de la crucifixion, à travers l’expression du visage.

Ses peintures sont essentiellement des huiles avec comme seule inspiration, la vie de tous les jours, des images au gré des découvertes faites sur des livres, des journaux,  ou même… des sacs plastiques, pourvu que cela ait pour elle un intérêt artistique. Ensuite le travail, l’émotion et l’imagination feront le reste…               

Charlotte n’a jamais songé à publier ses poèmes ni à exposer ses peintures. Une grande modestie qui ne nuit pas au talent, chacun pourra s’en persuader.

Pour la première sortie de ses œuvres, ce sera sur le site de la commune de son village, qui a tenu à lui rendre un hommage mérité.  

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