L’Auberge des deux vallées, située au sommet du col d’Arcarota, fait partie des restaurants qui se trouvent dans l’espace proche de Pietra, à une demi-heure de route environ, en passant par le village de Pietricaggio.

Les piétrolais connaissent depuis toujours cet établissement qui selon la légende, « hébergeait » pour la chasse au sanglier, les fines gâchettes venues de Bastia et parfois même du continent, pour être à pied d’œuvre au petit matin.

En cette mi-septembre 2018, ce sont des bergers en transhumance, venus se restaurer avant un ultime saut vers la plaine, qui nous rappellent que nous sommes au cœur même de la Corse profonde.

Depuis quelques années, le restaurant a été repris par Paul Angeli, un enfant de Tarrano, rentré au pays avec son épouse Sylvie, après leur retraite de l’armée et on peut dire que ce qui n’était qu’un challenge, s’est transformé très vite en un incontestable succès.

Les seules critiques, assez rares il est vrai, viennent des déconvenues de ceux qui ne pourront obtenir une table lorsqu’ils n’auront pas réservé, « l’Auberge » affichant souvent complet.

Préserver la qualité d’une cuisine traditionnelle c’est tout d’abord, explique le maître des lieux, savoir limiter le nombre de couverts.

Rares sont les restaurants qui arrivent de nos jours à restituer les saveurs de la cuisine Corse, qui à partir des années 50 évolueront, à raison des produits et des changements de vie.

La charcuterie est certainement le premier test de cette cuisine. Paul n’achète pas sa charcuterie, il la fait lui-même et avec des cochons qu’il élève. Il n’est alors nul besoin d’être grand expert pour retrouver le prisuttu, la coppa, le lonzu et la saucisse de l’époque où les cochons étaient élevés par les familles pour leur consommation propre. Pour ceux que la charcuterie ne tente pas, les beignets au fromage seront une alternative parfaitement crédible.

Au hit-parade de la farandole des plats proposés, on trouve les cannellonis, les lazagnes, la morue, sans oublier i fagioli qui constituent le met à ne pas manquer lorsqu’il est au menu, car très demandé. Le fiadone pour terminer, retrouve ici son origine, en s’écartant de toutes les déclinaisons que le temps a créées pour ce dessert, souvent avec plus ou moins de bonheur. Mais pour ceux qui voudraient sortir des sentiers battus, la tarte-tatin aux figues est une véritable merveille. Le vin en carafe, le « Vecchio », est excellent, ne cherchez rien d’autre.

Ambiance vintage, le mobilier est vieillot, dans son jus dirait Piazza, la vue sur l’Alesani, depuis la terrasse est époustouflante, même quand on connait.

L’accueil est familial, Paul connait tous les villages de la région, dans chacun d’eux il a des amis. Il prend le temps de demander de leurs nouvelles, dans la vraie tradition. Ne disait-on pas qu’en Corse, autrefois, tout le monde se connaissait, au moins par personne interposée ?  

Une sortie de saison seulement. Le restaurant ferme fin septembre et rouvre en avril.        

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