20 ans déjà répètent à l’envi tous ceux qui sont à l’origine de ce formidable défi, qui a consisté à réunir chaque année dans cette partie basse de la Castagniccia, un public de profanes autour de  virtuoses du violoncelle, instrument parmi les plus ésotériques que connait la musique et que l’on croyait réservé aux seuls initiés de cet art. 

  

Simone Nicoli maire de Pietra di Verde et Marie-Paule Ghipponi présidente de l’association, viendront tour à tour le dire, avec une émotion toute teintée d’une forme d’incrédulité, tant un  tel challenge paraissait du domaine de l’improbable et que 20 ans plus tard on a toujours du mal à y croire.

20 ans, c’est aussi l’âge adulte devait dire Paul-Antoine de Rocca Serra professeur de violoncelle et directeur artistique de l’association, véritable promoteur de ce projet fou, dans lequel il a mis toute son énergie et son immense talent, sans qui rien n’aurait-été possible, soulignera Marie-Paule.

Vendredi soir à Pietra, toutes les craintes des cassandres qui laissaient entrevoir année après année la lassitude d’un public de nos jours  de plus en plus difficile, sont tombées.

Le décorum et la sonorité d’une église baroque du 18e siècle, le jeu des lumières sur les fresques et les statues consacrées qui marquent le caractère sacré du lieu, la virtuosité des musiciens transcendés par un public en totale symbiose, ont marqué l’anniversaire de ce qui est devenu une véritable institution de la Corse profonde.

Une institution qui imperceptiblement évoluera au cours des ans. Une évolution pleine d’intelligence, où bien sûr le violoncelle demeurera l’âme du festival, mais avec une diversification des genres, comme ce fut encore le cas vendredi à Pietra, avec flute, guitares, chanteurs, conteurs et sommet de la soirée, la soprano Maria Elsa Picciocchi dont la voix devait subjuguer un public qui ne s’attendait pas à pareille performance artistique et vocale, une incroyable voix qui restera encore longtemps présente dans la mémoire de ceux qui auront eu la chance de se trouver ce soir-là sous les voutes de l’église de Pietra di Verde. 

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