« La chèvre corse » qui de tout temps a fait partie du patrimoine animal de l’île, est une race spécifique reconnue en tant que telle, avec ses particularités propres qui résultent du milieu de la montagne corse dans laquelle elle évolue.

A son aise sur les terrains accidentés, ses longs poils la protègent contre la rudesse du maquis corse, ce qui lui donne une liberté de mouvements que n’ont pas d’autres races caprines comme les chèvres alpines, qui elles se caractérisent par un pelage à poils courts, qui en font des animaux  sédentaires, dépendants de leur  berger.

Le caractère indépendant des chèvres corses nécessite de ce fait une plus grande surveillance mais il n’est pas rare, comme c’est le cas actuellement sur la route di i TEMPONI, d’en rencontrer qui ont échappé à la vigilance de leur berger et qui vont vivre leur vie loin de leurs attaches, en attendant d’être ramenées au bercail.

Difficile aujourd’hui d’assurer une surveillance permanente des troupeaux, ce qui autrefois s’avérait être d’une nécessité absolue, les villages étant entourés de jardins potagers, dont la production était d’une importance vitale pour les villageois.

A Pietra di Verde, comme dans de nombreux autres villages de montagne, depuis des temps immémoriaux et Jusqu’au milieu du 20e siècle, on trouvait d’importants troupeaux de chèvres, qui étaient sous la surveillance constante de leurs bergers**.

A côté de ces vastes troupeaux, nombre d’autres familles possédaient une ou plusieurs chèvres pour leurs besoins quotidiens.

Pour des raisons économiques, ces familles ne pouvaient distraire un des leurs pour assurer la garde du « cheptel » domestique, composé au mieux de quelques unités.

Pour les surveiller, avait été créé « A  banda cumunale » (le troupeau communal), auquel était affecté « U pastore cumunale ».  

C’est au son « di u cornu » actionné par le berger communal, qu’au petit matin, les chèvres quittaient la maison de leurs propriétaires et allaient rejoindre leur point de ralliement, dont l’un se trouvait à l’entrée actuelle di u CHJASSONE.

« U pastore cumunale », après les avoir regroupées, les conduisait sur des terrains aptes à les recevoir, où elles passaient la journée. Le soir, il les ramenait au point de rencontre d’où elles repartaient seules, rejoindre leurs propriétaires pour être traites et y passer la nuit, après avoir reçu quelques nourritures complémentaires.

A Pietra di Verde et vraisemblablement partout où existait « A banda cumunale » le berger communal était rémunéré par la commune, une sorte d’aide sociale avant l’heure, accordée indirectement aux familles.

La vue au détour d’une route, de cet animal, la chèvre corse,  d’où se dégage une forme de noblesse, ne laisse jamais personne indifférent. Di « a banda cumunale » a « a banda di i Temponi », la chèvre corse fera toujours partie de l’âme insulaire.

*Article rédigé avec la collaboration de M. Félix RAFFINI.  

**Parmi les plus connues de ces familles on peut citer les familles Raffini, Valery, Massei et Toracca.

      

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