En Corse peut-être plus qu’ailleurs, s’agissant d’une société qui était dominée par la ruralité, la famille et la terre ont toujours été confondues. L’assise immobilière demeure essentielle en ce qu’elle permet de situer la famille dans l’espace et dans le temps, de lui donner une référence qui est le gage de son existence. Il aurait donc en effet, été difficile de parler de l’une sans évoquer l’autre.
Ce travail de recherche de filiation s’est toujours effectué à l’occasion de discussions interminables, réservées aux seuls initiés, tant l’enchevêtrement des familles est complexe. La diffusion sur un site internet, permettra à tous ceux qui le souhaitent de s’y référer et assurera une conservation plus sûre que par la seule mémoire, de l’identification des générations qui se sont succédées.
Au-delà de la famille ou des proches, le visiteur du site, même étranger à la famille Giorgi et au village, y trouvera intérêt. C’est à travers les personnes que l’on comprend l’histoire d’une société.
On remarque par exemple, simplement en faisant défiler les photos, la place prépondérante de l’église et de l’armée dans la première partie du siècle dernier.
Ainsi, la photo d’une communiante, dans une somptueuse robe blanche, montre à elle seule l’importance accordée au culte dans la société corse et par conséquent de l’église, jusqu’à une époque encore très récente.
De même, les portraits d’hommes en habit militaire, marins, zouaves, nous rappellent ce que fut l’apport de la Corse aux guerres et à l’aventure coloniale.
Un fichier du site intitulé « Morts pour la France », révèle à cet égard la ferveur avec laquelle on glorifiait ceux qui donnaient leur vie à la mère patrie et l’exaltation dont ils étaient l’objet : « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie, ont droit qu’à leurs cercueils la foule vienne et prie. Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau. Toute gloire près d’eux passe et tombe éphémère et, comme ferait une mère, La voix d’un peuple entier les berce en leur tombeau. »
Poètes et écrivains de Pietra ont également une place particulière. Vingt d’entre eux ont été retenus par Marc Giorgi, qui publie un ou plusieurs de leurs écrits. Toutes les classes sociales s’y côtoient, de l’actuel président de l’Assemblée de Corse au paysan ou à l’ouvrier, témoignant de l’attachement des corses pour l’écriture sous toutes ses formes et sur tous les sujets.
L’un des grands intérêts du site de Marc Giorgi est encore d’avoir regroupé et mis à la disposition de tous, les fichiers de piétrolais, établis à quelque occasion que ce soit, nous permettant de la sorte de connaître, en tant que de besoin, la situation de chacun à une époque de sa vie. On trouve ainsi les recensements effectués depuis 1769, l’inscription des élèves à l’école communale entre 1886 et 1972, les actes d’état civil, de naissance, de mariage et de décès.
Le site de Marc Giorgi collecte aussi toutes sortes d’informations diverses, sans lien entre elles autre que l’appartenance des intéressés au village. On y trouve par exemple la liste des maires de la commune, l’inauguration du monument aux morts en 1925, une coupure de presse de 1946 qui relate par le menu la cérémonie de mariage entre le sergent-chef Colombani et Lucia Battesti, les bulletins de l’AVCP association pour la sauvegarde de la Chapelle de San Pancraziu et beaucoup d’autres informations qui ne manquent pas d’intérêt.
Un travail minutieux qui vient enrichir « la bibliothèque informatique » qui se constitue de façon informelle au fil des ans, avec une utilité évidente, si l’on se réfère au nombre de visiteurs quotidiens du site et au nombre de pages consultées.
On ne peut évoquer la famille Giorgi, sans rendre à Pierre Paul Giorgi, décédé il y aura 17 ans au mois de mai, l’hommage qui lui est dû par l’ensemble de la communauté villageoise. Pierre Paul Giorgi, époux de Pierrette Valery, père et mère de Marie, de François, de Marc et de Catherine, instituteur à Pietra, a instruit et formé durant trois décennies, de 1935 à1966, plusieurs générations de piétrolais. Il fut unanimement estimé et respecté. Ses élèves, encore nombreux, qui ont aujourd’hui entre 55 et 90 ans, disent toute l’admiration et la considération qu’ils eurent pour celui qui fut leur maître et à qui ils doivent ce bagage essentiel donné à l’école communale, qui leur a permis de gravir les échelons de la vie avec bonheur. Ils gardent de lui, comme nous tous, un souvenir de profonde déférence, qui restera attaché à son nom.