
U Vadu, travaux retardés
En montant en direction de San Pancraziu, au lieu-dit u Vadu, aucune protection n’existe contre le risque de basculer dans le vide pour un piéton ou un véhicule, en particulier la nuit.
C’est pourtant à cet endroit que les voitures et les petits camions qui se rendent tout en haut du village, font leur demi-tour pour repartir.
La sécurisation des lieux a été considérée comme devant-être effectuée prioritairement.
Les travaux de mise en place de la barrière de protection, qui devaient être réalisés à la suite de ceux di u chjassu, vont être retardés.
Toutes les pièces de l’ouvrage de sĂ©curitĂ© ne sont toujours pas parvenues, il faudra donc attendre encore…

Le cimetière des Ferrandi
Ange Massei a eu le beau geste de nettoyer le cimetière des Ferrandi envahi par les ronces et dans lequel il n’était plus possible d’accéder. Il lui a ainsi accordé une rémission, avant très vraisemblablement qu’il ne disparaisse à nouveau et peut-être cette fois-ci à jamais.
Dès que l’on franchit la grille, on est frappé par la sobriété du lieu. De simples tombes en pierre brute sont alignées de part et d’autre et au bout d’une petite allée centrale. Au milieu, une croix, elle aussi de pierre, domine l’ensemble de l’espace funéraire, que clôture un mur grossièrement maçonné.
C’est là que furent enterrés jusqu’au milieu du 20e siècle les Ferrandi, cette famille de Pietra di Verde qui trois siècles durant, a donné à la Corse des hommes politiques, des ecclésiastiques et des chefs militaires, qui ont marqué son histoire.
L’un d’entre eux, François Pitti Ferrandi, qui devint sénateur et qui est encore dans la mémoire des plus anciens, vivait il y a seulement quelques décennies, dans la maison qui est aujourd’hui la propriété d’Antoine Savignoni. On le désignait respectueusement par « u dottore » et l’on s’adressait à lui, en faisant précéder son nom du très révérencieux titre de « Sgio ». Il fut une sorte de Dieu vivant.
Il était respecté et adulé par ses fidèles qui, quelle que soit leur condition, l’honoraient par des offrandes, qu’ils remettaient par délicatesse à sa gouvernante, en signe de reconnaissance pour ses bonnes grâces passées et à venir.
Aujourd’hui, plus grand monde ne serait en mesure de dire avec précision, y compris à Pietra, qui était le docteur Pitti Ferrandi qui vécut de la fin du 19e siècle jusque dans la première moitié du 20e.
Et le fait que ni ses anciens partisans, ni sa descendance, ne trouvent pas le temps de venir se recueillir sur sa tombe, dans un pays où le culte des morts a encore une place importante, montre combien la chute d’un homme et d’une dynastie peut être rapide et inexorable.
Mais pour le docteur, cet abandon avait déjà commencé de son vivant.
Après avoir été sénateur, il tomba en disgrâce à l’issue de la seconde guerre mondiale. Ayant alors perdu tout pouvoir de donner, le cercle de ses courtisans s’étiola, d’autant plus vite, que l’on sait bien qu’après avoir reçu, et lorsque l’on n’a plus rien à attendre, c’est très souvent la rancœur qui prend le pas sur la reconnaissance.
La disparition de l’assise immobilière, avec la vente de la maison familiale, a eu pour effet d’accélérer le phénomène d’oubli, dans une famille dispersée, tandis que l’absence d’une sépulture de prestige, ne devait pas permettre à ses derniers fidèles, de maintenir longtemps allumée la flamme du souvenir.

A storia di u Chernaghiu
Photo JC Valtin
Isolée au milieu du village entre le Muchiu et le Paesolu, si ce ne sont quelques habitations de construction relativement récente, la maison dénommée U Chernaghiu, que l’on trouve au détour d’un virage de la route étroite qui conduit vers le haut du village, date du 17e siècle.
Située sur un éperon rocheux, qui domine toute la vallée jusqu’à la mer, elle porte un nom pour le moins énigmatique, en français « Le carnage ».
Photo JC Valtin
Une grande croix de bois fixée à gauche de l’entrée, vient étayer les dires qui se transmettent depuis la nuit des temps, qu’un drame a bien eu lieu à cet endroit, à une époque que personne n’est en mesure de préciser.
Que s’est-il passé dans cette maison, ou peut-être au lieudit où elle est située, pour qu’on lui attribue un pareil nom ? Des hommes se sont-ils entretués comme il arrivait que cela se produise dans la Corse de Colomba, selon les descriptions qu’a pu nous en faire Prosper Mérimée ? A moins que cela ne remonte en des temps encore bien antérieurs, nul ne le sait.
Oui c’est la question que tout piétrolais a pu se poser. Que s’est-il passé à cet endroit du village devenu mythique, à la croisée de deux chemins encaissés, qui sont aujourd’hui deux voies étroites, l’une dominée en partie par une falaise rocheuse qui surplombe une ravine dans laquelle un petit cours d’eau, la plupart du temps à sec, serpente autour de hauts rochers, l’autre qui conduit au haut du village avant de se perdre dans la montagne.
Ce qui est sûr, c’est que nous avons là une configuration idéale pour des malfaiteurs qui souhaiteraient piller une maison ou tendre une embuscade, sans être dérangés et pouvoir ensuite s’évaporer dans le maquis, présent de tous côtés.
Des légendes ont circulé. La plus couramment admise serait celle selon laquelle deux femmes vivaient seules dans cette maison dans laquelle de la farine en quantité assez importante, avait été remisée dans de grands coffres, comme on peut d’ailleurs en trouver, dans les caves de la maison du Chernaghiu à l’heure actuelle.
Une des sœurs, contre l’avis de l’autre, aurait répondu favorablement aux appels d’hommes qui lui demandaient d’ouvrir la porte. Les pillards se seraient alors rués à l’intérieur de la maison, tuant l’une des deux sœurs, l’autre ayant réussi à s’enfuir…Un scénario « Orange mécanique » avant l’heure.
Il n’est pas impossible, si l’on s’en tient à cette version, que le terme de Chernaghiu ait plus été utilisé pour marquer l’horreur d’une telle agression, que pour signifier qu’un nombre important de personnes avaient été concernées par la tuerie.
Toutes les hypothèses sont permises, aucune n’est déterminante. Le terme de carnage ou de tuerie pouvant même concerner des animaux, on pourrait imaginer à cet endroit une battue de sanglier, pourquoi pas, mais alors pourquoi la croix ?
Va-t-on savoir. Il n’y a pas de mémoire suffisamment sûre dans laquelle l’on puisse puiser, pour répondre à nos interrogations.
Madelena Banghala NicolaĂŻ,
La maison fut habitée au début du siècle dernier, jusque dans les années 80 par trois sœurs, une poétesse, Madalena Banghala Nicolaï, Divita épouse Savignoni et Graciosa Nicolaï.
Madalena Banghala a chanté et sublimé le village de Pietra. Elle a consacré un poème à la maison qu’elle a habitée « A mio Casa » dans lequel elle évoque à peine l’évènement, on relève deux vers : « E sempre e Chernaghiu serai chiamata, di lu passatu avemu lu rispettu ». On ne trouve pas dans son œuvre, d’explication sur la signification du terrible nom qu’elle porte, peut-être l’a-t-elle ignorée, peut-être a-t-elle voulu, comme tous ceux qui ont habité la maison, préserver le mystère, ou les victimes de ce drame…
Simone-Isabelle Savignoni
Aujourd’hui, c’est sa nièce, la fille de Divita, Simone Isabelle Savignoni, que certains proches appellent Monette, qui habite U Chernaghiu, une maison à son image, singulière, mystérieuse et comme elle un peu abstruse, tous qualificatifs qui en font leur charme.

Les Transports CASTELLI *
Il est probable que la grande grève des taxis de 1912 à Paris, qui donna à Cecce l’occasion d’aller conduire dans la capitale des autotaxis, a certainement accru la passion qu’il nourrissait pour ces « drôles de machines ».
A son retour à Pietra, Cecce Castelli continuera d’exprimer son engouement pour la mécanique. Il fut employé comme responsable du téléphérique, qui reliait Pietra depuis l’actuelle propriété de Louis Savignoni, jusqu’à la route de Cervione.
Dans les années 1920, lorsque Toto le fils ainé, fut en âge de conduire, il achetèrent leur première voiture, Pierre et Toussaint en achetèrent une à leur tour, un peu plus tard.
C’est ainsi que fut créée l’entreprise de transport Castelli.
La flotte des véhicules fut complétée par un car, lorsqu’au début des années 30, les poids lourds auront été autorisés à emprunter la route du village. Cette acquisition permit aux Piétrolais, comme aux habitants des villages environnants, de se rendre plus aisément à Bastia, le service étant assuré trois fois par semaine.
Pendant près d’un demi-siècle, l’entreprise Castelli allait faciliter le dĂ©placement des personnes, en mĂŞme temps que l’acheminement des marchandises, qui se faisaient jusqu’alors le plus souvent par traction animale, et l’on peut dire qu’elle fut de la sorte, Ă une Ă©poque oĂą les communications Ă©taient encore très prĂ©caires dans les petits villages de montagne, le poumon de notre microrĂ©gion.
En 1943, un épisode dramatique de la guerre, le bombardement par les allemands de la ligne ferroviaire qui reliait Bastia à la plaine orientale, donna par la force des choses, un nouvel essor à l’entreprise de transport.
Le car allait devoir compenser cette disparition, par une activité plus intense, dans un environnement qui n’était pas favorable. Dans cette première partie du 20e siècle, le transport des passagers par voie terrestre sur des routes de montagne à peine carrossables, avec des véhicules qui n’avaient pas la fiabilité que nous connaissons aujourd’hui, n’était pas comme l’on peut s’en douter chose aisée. Chaque voyage était pour le conducteur une épreuve, avec la crainte d’un incident mécanique, d’un pneu crevé, ou de dégâts affectant la chaussée.
C’est de Pietra que le car partait. Il se remplissait au fur et à mesure de sa descente sur la plaine. Le voyage s’effectuait dans le meilleur esprit, le conducteur s’arrêtant à la demande, en tant que de besoin, sans que les autres passagers ne trouvent rien à redire. De la sorte, pour l’aller comme pour le retour, il fallait bien compter quatre heures en moyenne pour effectuer le trajet.
Arrivé à Bastia, le car stationnait avenue Carnot chez les Grimaldi. C’était le moment où le conducteur du car devait faire les commissions, que les gens lui avaient confiées. Une commande chez un commerçant, une pièce pour une machine, un outil particulier que l’on ne trouvait pas sur place, un colis à livrer, ce service constituant comme on s’en doute un véritable pensum.
On repartait de Bastia vers 16 heures, pour une arrivée programmée au village autour des 20 heures, avec toujours de nombreux arrêts, pour toutes sortes de motifs et aussi bien sûr, pour faire descendre les passagers, au fur et à mesure qu’ils étaient rendus, au plus près de chez eux.
Ceux qui allaient jusqu’à Pietra étaient déposés au Muntichiu, devant la maison Battesti.
L’arrivée du car qui revenait de Bastia, était toujours une attraction qui attirait pas mal de monde.
On venait attendre le car pour accueillir des parents ou des amis, pour réceptionner ses commissions, ou tout simplement par pure distraction, savoir qui arrivait, avoir le plaisir de rencontrer des connaissances que l’on n’avait pas revues depuis longtemps ou pour recueillir les dernières nouvelles.
Outre cette fonction éminemment utilitaire, le transport au chef-lieu d’arrondissement, il est arrivé que le car soit utilisé l’été pour transporter les adeptes des bains de mer sur les plages, acte annonciateur des formidables migrations estivales que nous connaissons aujourd’hui.
La prairie des années 50
L’entreprise qui possédait depuis le début de sa création des voitures légères pour les activités de louage et de taxi, allait acquérir au début des années 50, vraisemblablement pour remplacer les anciennes, une puis deux voitures « Prairie », sortes de grosses camionnettes rustiques de marque Renault, qui ne manquaient toutefois pas d’un certain charme.
On raconte qu’une année d’élection, une Prairie avait été réservée pour aller à Poretta chercher des électeurs qui étaient venus du continent pour voter. Mais ce jour-là , ce véhicule pourtant fidèle et régulièrement révisé ne devait pas démarrer.
On se rendit compte que des mains malveillantes avaient mis du sucre dans le rĂ©servoir d’essence ! Le transport eut tout de mĂŞme lieu avec d’autres vĂ©hicules et les Ă©lecteurs purent voter…
Autre anecdote. En période de fêtes de village, les Castelli avaient pour habitude de conduire la jeunesse piétrolaise aux bals des alentours. La Prairie était chargée de tous ceux qui voulaient s’y rendre, on finissait toujours par y trouver une place.
Celui des Castelli qui les accompagnait, attendait toute la nuit, conversant avec des amis de rencontre au comptoir de la fête, que ses passagers manifestent le désir de retourner au village, le plus souvent au petit matin. Personne de ceux qui ont bénéficié de ce service, ne se souvient d’avoir payé quoique ce soit, en revanche, tous se rappellent qu’il n’était pas rare que le conducteur offre un verre à ses jeunes passagers d’un soir. D’une façon plus générale, on sait bien que ceux qui n’auraient pas eu les moyens de s’acquitter du montant du prix du billet, auraient pu tout de même voyager, en payant « plus tard »…
Pourtant, l’achat des véhicules, leur entretien, les frais de fonctionnement, devaient rendre difficile l’équilibre du budget d’une petite entreprise de transport d’un village de montagne.
Comme bien d’autres métiers, les transports Castelli disparurent dans les années 60 avec la multiplication des voitures personnelles.
(1)Toto, marié avec Letizia née Massoni, de leur union sont issues Antoinette mariée Orsini et Françoise.
(2)Pierre, marié avec Mimi Vinciguerra , de leur union sont issus, Adrien et Anne-Marie.
(3)Toussaint, marié avec Anna née Castellani, de leur union sont issues marie France et Jeanne.
*Merci à tous ceux qui ont permis à la commune de Pietra di Verde de rendre hommage à la famille Castelli qui a donné aux générations de la première partie du 20e siècle de notre village un confort de vie qui doit-être apprécié à sa juste valeur.

Galette des Rois Ă la mairie
Dans son discours madame la maire, après avoir remercié les participants pour leur présence, devait annoncer la mise en œuvre de deux chantiers pour le courant du premier trimestre de cette année. Sur la petite place du Vadu qui surplombe un profond ravin, sera installée une protection pour assurer la sécurité des usagers. Par ailleurs des travaux vont être effectués dans la montée du Chiassu. Enfin, la première phase du schéma directeur de l’eau va être lancée.
Une annĂ©e qui commence bien, dans la bonne humeur et l’annonce de chantiers qui Ă©taient attendus.

Paysages de Pietra
Le soleil se lève derrière Montecristu (photo DS depuis Lupinu)
San Appianu blanchi par quelques flocons de neige (photo JCV)

Pietra di Verde Ă l’heure de l’internet (3) « Pietra di Verde u piu bellu paese »
Tout le monde (ou presque) se connait, on s’interpelle, on manifeste son affection, son approbation ou sa désapprobation, on y publie ses joies et ses peines, on peut faire connaître ses états d’âme, ses opinions en particulier sur un sujet d’actualité, philosopher sur la vie, parler de tout et de rien, directement ou à travers des citations, des adages ou des proverbes, parfois avec des chansons ou des dessins, l’important étant de pouvoir échanger et même le cas échéant, soulager son esprit de ses contrariétés.
Chacun dit ce qu’il a Ă dire, rĂ©crimine parfois, sans toutefois, d’une façon gĂ©nĂ©rale, dĂ©passer les limites de la biensĂ©ance et du bon goĂ»t. S’agissant d’un espace ouvert, le principe est que tout le monde peut en effet intervenir et si tout dĂ©rapage n’est pas Ă exclure, il s’en produit assez rarement et le plus souvent, il est assez vite effacĂ©.
Ce sont des photos de piétrolais, des vues du village, de ses maisons, de ses paysages, de ses édifices, qui sont pour l’essentiel publiées, avec une dominante très nette pour le clocher, qui avec l’église, sont les stars incontestées de ce diaporama permanent.
Mais il n’y a pas de convivialité sans gastronomie. Des produits, des mets simples comme des œufs à la poêle, ou d’autres plus typiques de la Corse, du boudin et de la polenta, toujours très appétissants, sont présentés aux visiteurs, avant de passer sans transition à une photo sur la chasse, une autre sur le SCB ou sur la dernière célébration religieuse, le portrait d’un jeune qui s’installe dans la vie professionnelle, pour en revenir immédiatement après, à une assiette de ballote, peu importe l’ordre, ainsi va la vie à Pietra di Verde u piu bellu paese …
« Pietra di Verde u piu bellu paese », permet à la fois de distraire, d’informer, de conserver le contact, d’échanger, d’interagir, de vivre la vie du village, même de façon parcellaire et virtuelle, qu’importe, le rôle social de ce média si modeste soit-il n’est pas contestable, il contribue avec d’autres à l’équilibre de notre communauté villageoise.

Pietra di Verde Ă l’heure de l’internet (2) : le site de Marc Giorgi
En Corse peut-être plus qu’ailleurs, s’agissant d’une société qui était dominée par la ruralité, la famille et la terre ont toujours été confondues. L’assise immobilière demeure essentielle en ce qu’elle permet de situer la famille dans l’espace et dans le temps, de lui donner une référence qui est le gage de son existence. Il aurait donc en effet, été difficile de parler de l’une sans évoquer l’autre.
Ce travail de recherche de filiation s’est toujours effectué à l’occasion de discussions interminables, réservées aux seuls initiés, tant l’enchevêtrement des familles est complexe. La diffusion sur un site internet, permettra à tous ceux qui le souhaitent de s’y référer et assurera une conservation plus sûre que par la seule mémoire, de l’identification des générations qui se sont succédées.
Au-delà de la famille ou des proches, le visiteur du site, même étranger à la famille Giorgi et au village, y trouvera intérêt. C’est à travers les personnes que l’on comprend l’histoire d’une société.
On remarque par exemple, simplement en faisant défiler les photos, la place prépondérante de l’église et de l’armée dans la première partie du siècle dernier.
Ainsi, la photo d’une communiante, dans une somptueuse robe blanche, montre à elle seule l’importance accordée au culte dans la société corse et par conséquent de l’église, jusqu’à une époque encore très récente.
De même, les portraits d’hommes en habit militaire, marins, zouaves, nous rappellent ce que fut l’apport de la Corse aux guerres et à l’aventure coloniale.
Un fichier du site intitulĂ© « Morts pour la France », rĂ©vèle Ă cet Ă©gard la ferveur avec laquelle on glorifiait ceux qui donnaient leur vie Ă la mère patrie et l’exaltation dont ils Ă©taient l’objet : « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie, ont droit qu’à leurs cercueils la foule vienne et prie. Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau. Toute gloire près d’eux passe et tombe Ă©phĂ©mère et, comme ferait une mère, La voix d’un peuple entier les berce en leur tombeau. »
Poètes et écrivains de Pietra ont également une place particulière. Vingt d’entre eux ont été retenus par Marc Giorgi, qui publie un ou plusieurs de leurs écrits. Toutes les classes sociales s’y côtoient, de l’actuel président de l’Assemblée de Corse au paysan ou à l’ouvrier, témoignant de l’attachement des corses pour l’écriture sous toutes ses formes et sur tous les sujets.
L’un des grands intérêts du site de Marc Giorgi est encore d’avoir regroupé et mis à la disposition de tous, les fichiers de piétrolais, établis à quelque occasion que ce soit, nous permettant de la sorte de connaître, en tant que de besoin, la situation de chacun à une époque de sa vie. On trouve ainsi les recensements effectués depuis 1769, l’inscription des élèves à l’école communale entre 1886 et 1972, les actes d’état civil, de naissance, de mariage et de décès.
Le site de Marc Giorgi collecte aussi toutes sortes d’informations diverses, sans lien entre elles autre que l’appartenance des intéressés au village. On y trouve par exemple la liste des maires de la commune, l’inauguration du monument aux morts en 1925, une coupure de presse de 1946 qui relate par le menu la cérémonie de mariage entre le sergent-chef Colombani et Lucia Battesti, les bulletins de l’AVCP association pour la sauvegarde de la Chapelle de San Pancraziu et beaucoup d’autres informations qui ne manquent pas d’intérêt.
Un travail minutieux qui vient enrichir « la bibliothèque informatique » qui se constitue de façon informelle au fil des ans, avec une utilité évidente, si l’on se réfère au nombre de visiteurs quotidiens du site et au nombre de pages consultées.
On ne peut évoquer la famille Giorgi, sans rendre à Pierre Paul Giorgi, décédé il y aura 17 ans au mois de mai, l’hommage qui lui est dû par l’ensemble de la communauté villageoise. Pierre Paul Giorgi, époux de Pierrette Valery, père et mère de Marie, de François, de Marc et de Catherine, instituteur à Pietra, a instruit et formé durant trois décennies, de 1935 à 1966, plusieurs générations de piétrolais. Il fut unanimement estimé et respecté. Ses élèves, encore nombreux, qui ont aujourd’hui entre 55 et 90 ans, disent toute l’admiration et la considération qu’ils eurent pour celui qui fut leur maître et à qui ils doivent ce bagage essentiel donné à l’école communale, qui leur a permis de gravir les échelons de la vie avec bonheur. Ils gardent de lui, comme nous tous, un souvenir de profonde déférence, qui restera attaché à son nom.

Pietra di Verde Ă l’heure de l’internet (1) : La Gazette PiĂ©trolaise
Et si la place de l’histoire est importante dans la Gazette piétrolaise, Jean Massoni ne s’en contente pas pour asseoir sa démonstration. Il va aussi présenter Pietra di Verde, la situer géographiquement, parler de sa démographie, de sa forêt, de la montagne, de la richesse de sa terre, des hommes et des femmes qui l’ont peuplée, de l’économie, toujours omniprésente, y compris lorsqu’il nous offre cette fabuleuse étude sur l’église Saint Elie, preuve même d’une certaine opulence du village et tout cela présenté d’une façon telle, qu’il en arrive à transformer des sujets souvent ésotériques, en une ode à l’amour de Pietra.
C’est par la partie sous-titrée « Pietra d’hier et de jadis » que l’on entre dans un examen que l’on pourrait qualifier de scientifique. Avec méthode et rigueur, l’auteur nous conduit au travers de ce que fut Pietra, avec une foule de précisions, de détails, de dates de références, de noms, qui pourraient inspirer bien des doctorants de l’Université Pascal Paoli, en mal de sujets de thèse.
Pietra n’en est pas moins toujours sublimĂ©e, avec des envolĂ©es d’une grande beautĂ© lyrique, sur des paysages que l’auteur balaye en tous sens comme le ferait un cameraman. Nous extrayons quelques lignes d’un passage, que l’auteur a empruntĂ©es au commissaire gĂ©nois du 17e F.M Giustignani: «…La montagne Sant’Appiano, formant presque une couronne, honneur bien mĂ©ritĂ© pour sa grandeur, avec ses bons terrains, l’abondance de ses sources, la qualitĂ© de ses pâturages, son très noble bois de rouvres et d’yeuses qui habille son sommet ; montagne encore appelĂ©e royale, si l’on ajoute foi aux dires des gens du cru selon lesquels, en un lieu situĂ© sous le hameau de Monte, que l’on nomme aujourd’hui encore le Palazzo, s’élevait le logis de Berlinghiero, originaire de cette pieve, qui aux environs de l’an 900 fut roi de Corse et de Sardaigne… »
Rédigée in lingua nustrale, une autre partie de la Gazette Piétrolaise aborde, sous le titre « Pè e viottule di a memoria » (Par les sentiers de la mémoire), des moments de la Corse d’autrefois. En quelque sorte des instantanés, que l’auteur compare à « des coups de projecteurs », réalisés sur une vingtaine de personnes, « saisies à l’occasion d’un simple épisode de leur vie, ni le plus important, ni le plus significatif, mais certainement un de ceux qui les identifie le mieux. »
« Pè e viottule di a memoria », est si l’on peut dire le clou de la « Gazette Piétrolaise ». Sous les pseudonymes de Luiggi et Grazia-Maria Ciavaldini, (j’espère qu’ils me pardonneront ce coming out), Jean Massoni, et sa soeur Rosa Taïeb pour la traduction en langue française, vont nous proposer d’accéder à cette Corse d’autrefois, que peu d’entre nous aujourd’hui, peuvent se prévaloir d’avoir connu.
La traduction proposée par Rosa Taïeb (dont l’époux fut un physicien de très grande renommée associé à un prix nobel), permet à tous ceux qui n’ont pas le bonheur d’avoir une parfaite maîtrise de la langue corse, de pouvoir tout de même découvrir et apprécier ces récits qui nous font vivre l’âme Corse « en direct », Grazia Maria faisant à cette occasion mentir le joli jeu de mots italien bien connu : « traduttore traditore ». Depuis sa maladie, les traductions sont assurées par Madeleine, Paule et Annie Straboni.
« La Gazette Piétrolaise » réserve aussi une place aux poètes qui ont célébré le village de Pietra. Sous le titre « Musa perdulaccia », l’auteur les évoque et nous propose certaines de leurs œuvres des plus remarquables.
L’ensemble constituant une somme importante, sur la vie de la commune de Pietra di Verde, sur son passé et surtout, comme il a été dit, pour son avenir.
Une œuvre gravée dans le marbre, désormais toujours aisément disponible grâce à internet et qui va bien au-delà de notre village, tant Pietra devient alors, à travers la Gazette Piétrolaise, une référence pour tous les villages corses de l’intérieur.

Feu au dessus de la route de MoĂŻta
